Bonjour Gérard,
La semaine dernière tu nous as expliqué que la forêt nous rendait des services dans le domaine de la biodiversité, du climat (gaz carbonique et oxygène), de la gestion des eaux, et tu as aussi évoqué qu’elle nous rendait des services culturels et sociaux. Que veux-tu dire par là ?
D’abord une définition de ce qu’on entend par bénéfices culturels et sociaux : ce sont des bénéfices non-matériels que nous offrent les forêts : l'inspiration, le divertissement, l'enrichissement spirituel, la réflexion, la découverte scientifique, l'épanouissement esthétique, l'éducation...
Source d’inspiration ? valeurs esthétiques ?
Les forêts offrent une source d'inspiration riche pour l'art, le folklore, les symboles nationaux et l'architecture. « La nature est un temple où de vivants piliers… », Baudelaire.
Nous sommes nombreux à apprécier la beauté des paysages de forêt qui se reflète par exemple dans les visites des parcs ou le choix de localisations pour construire des maisons.
Valeur patrimoniale, loisirs, tourisme ?
Beaucoup de sociétés attachent de l'importance aux paysages historiquement importants (dit « paysages culturels ») ou aux espèces ayant une signification culturelle (par exemple, l'importance culturelle du baobab au sein des sociétés africaines).
Les forêts nous servent souvent de lieux de vacances, de repos, de relaxation, de méditation. L'écotourisme (caractérisé par le concept de voyage responsable dans les espaces naturels et découverte de la nature) est l'une des branches les plus dynamiques du tourisme mondial avec une croissance d'environ 20% par an (ONU, 2011).
Tu avais commencé la semaine dernière en parlant de la valeur économique de la forêt, avec les milliers de produits qui sont des ressources économiques pour près d’un quart de l’humanité. Est-ce que la forêt nous rend des services économiques autres ?
Oui et le principal, qui ne se voit ni ne se mesure, c’est la pollinisation. Mais ici la pollinisation n’a pas seulement pour but la production marchande de fruits et légumes, mais l’évolution des espèces, la croissance de la biodiversité
Les pollinisateurs incluent les insectes comme les papillons, les abeilles, certaines mouches, les charançons, mais aussi les oiseaux tels les colibris ou encore les mammifères comme certaines chauves-souris. Ils sont responsables d'environ un tiers de la production mondiale de nourriture (fruits, légumes, oléagineux, certaines légumineuses, café, cacao, épices...) dont les trois quarts des cultures vivrières. Plusieurs études ont aussi montré que la diversité des pollinisateurs peut augmenter la productivité ainsi que la stabilité des communautés végétales
On comprend mieux l’importance des forêts, mais qu’en est-il de leur futur ?
Si en France les surfaces de forêt augmentent, il n’en va pas de même ailleurs : chaque année, 13 millions d'hectares de forêts disparaissent (principalement dans la zone tropicale) notamment parce que le marché actuel ne parvient pas à reconnaitre les services rendus par les forêts. Afin de mettre fin à leur destruction, il faut connaître et comprendre l'intégralité des services qu'elles nous rendent.
Sans oublier que la déforestation et la dégradation des forêts contribueraient à plus de 15% des émissions annuelles mondiales totales de gaz à effet de serre.
Alors que peut-on faire, que faudrait-il faire ?
Les services rendus ont été estimés à un coût total de 33 000 milliards de dollars, alors que le PIB mondial n’est que de 18 000 milliards de dollars. Tu comprendras facilement que cette question mérite un peu plus que quelques secondes à la fin d’une chronique. On en reparlera donc bientôt.