c'est un vrai scandale ! by quelle terre demain
Bonjour Jacques. Pourquoi titres-tu ta chronique « C’est un vrai scandale ! » ?
Parce que, où va-t-on, si nous, en France, nous que la nature ou la providence a dotés de tous les privilèges, où va-t-on, si nous ne sommes pas à l’abri de la sècheresse. Je vous cite quelques titres relevés dans la presse et rassemblés par la Fondation Nicolas Hulot, dernièrement :
«La situation hydrologique en France atteint un seuil d'alerte.»
«En France, les agriculteurs redoutent une nouvelle sècheresse.»
«Sècheresse préoccupante en France, après un automne et un hiver secs.»
«90 % des nappes phréatiques sont en déficit en France.» «Sècheresse : les ministères de l'Ecologie et de l'Agriculture s'affrontent à fleurets mouchetés.»
Bien, d’accord, il n’a pas assez plu, cette année, mais pourquoi cries-tu au scandale ?
Tout d’abord, je crois, parce que çà fait du bien de crier au scandale de temps à autre : que ce soit justifié ou non, ça détend, ça évacue du stress et, après, on se sent mieux. Là, mon prétexte a été que la multiplication de ces alertes concernant la France, leur répétition année après année, m’a fait penser au Sahel pour lequel nous sommes tellement habitués qu’on n’y fait même presque plus attention …
«On se croirait au Sahel» m’a traversé l’esprit avec un nette connotation d’humour noir.
Notre situation n’a en effet pas grand-chose à voir avec celle que subissent un certain nombre de pays du Sahel.
Oui, et mon sentiment de scandale s’est très vite reporté sur l’ensemble des gaspillages qui sont les nôtres : arroser son jardin, laver sa voiture avec de l’eau potable, une eau dont la seule gestion nous est actuellement facturée 4€ par mètre cube, laisser couler l’eau à grand débit pendant qu’on se lave les mains, arroser ses champs à la lance en plein soleil… J’ai souvent le sentiment que l’immense amélioration de nos conditions de vie que représente l’eau courante, nous a conduits à en mésestimer totalement la valeur. C’est vraiment trop facile !...
Tu aimerais donc que l’on retourne chercher l’eau du puits ? Tu enverrais, sans doute, le petite Cosette, espèce de vilain Thénardier ?
Non, je n’irais pas jusque-là, quoique … Mais plus sérieusement, le sentiment de ne disposer que d’une quantité finie de quoi que ce soit vous permet d’en apprécier correctement la valeur.
Pour en revenir à la question de l’eau en France, j’aimerais qu’émerge enfin une volonté politique pour inciter les agriculteurs à des techniques de culture et d’irrigation moins dévastatrices pour nos
nappes phréatiques : cultures panachées où sur un même sol des plantes peu gourmandes en eau protègent d’autres cultures en leur faisant de l’ombre et en maintenant ainsi de l’humidité dans le sol. Irrigation par goutte à goutte. Et si dans le même temps on luttait contre l’usage intensif d’engrais et de pesticides qui polluent nos cours d’eau qui nous empoisonnent et qui tuent nos agriculteurs.
Toi, tu as regardé l’émission Infrarouge «La mort est dans le pré», sur la 2, mardi 17 avril.
Oui, c’était un peu tard (22h40) comme souvent, pour des sujets qui fâchent, mais sans nous révéler des choses totalement inattendues, cela montrait bien qu’aujourd’hui, en France, un certain nombre d’agriculteurs meurent de cancer de la vessie, cancer du pancréas, cancer des os parce qu’ils manipulent des produits soi-disant sans danger que leurs fabriquent quelques 4 ou 5 grands groupes industriels dans le monde. «Si vous vous protégez bien, il n’y a aucun risque !» Mais comment bien se protéger quand la cote que l’on porte, les gants, les bottes sont imprégnés de produits dangereux et qu’il faut bien les manipuler pour les laver…
En conclusion, c’est une raison supplémentaire pour privilégier le «bio».