Sébastien, lors de notre dernier magazine sur RGB tu as parlé d’énergie fatale. De quoi s'agit il ?
C’est une quantité d’énergie qui est inévitablement présente ou piégée dans certains processus ou produits. On peut dire aussi que cette énergie est fatalement présente lorsqu’elle est produite par un processus dont l’objet n’est pas la production de cette énergie.
Où trouve-t-on cette énergie fatale ?
On peut la trouver dans des matières ou des processus. Mais la valorisation la plus répandue se fait via les matières.
Peux-tu nous citer un exemple en rapport avec le thème des déchets ?
Les déchets peuvent être traités par incinération. C’est un processus dont l’objet est la destruction des déchets par combustion. Or ce processus rejette une quantité de chaleur non négligeable et sans récupération, cette énergie est perdue dans l’environnement.
Toujours dans le domaine des déchets, il y a autre chose que l’incinération non ?
Et oui, il existe aussi la méthanisation. La partie biodégradable des déchets peut être utilisée pour produire du biogaz, par méthanisation. Ce biogaz peut être considéré comme une énergie fatale puisqu’il est issu du processus de traitement des déchets.
A-t-on des moyens de récupérer cette énergie fatale ?
Oui ! C’est même recommandé dans l’exemple de l’incinération. Un réseau de chaleur pour le chauffage urbain est un excellent moyen de valoriser cette énergie fatale. Raccordée à un réseau de chaleur, une usine d’incinération d’ordures ménagères peut chauffer un foyer à partir des déchets de 7 autres !
Existe-t-il d’autres moyens de valoriser cette énergie fatale d’objets ou de matière ?
Oui ! La réutilisation ou le recyclage d’objets en fin de vie sont d’autres moyens pour récupérer ou utiliser plus longtemps l’énergie fatale de ces objets.
Tu nous as parlé également d’énergie fatale de processus, as-tu des exemples ?
Il y en a plein ! Prenons l’exemple de l’eau chaude dans nos maisons. Il a fallu de l’énergie pour la chauffer. Sauf que pendant notre douche, cette eau chauffé s’en va dans les canalisations, pleine de calories non valorisées ! C’est du gaspillage ! Idem pour l’eau chauffée dans son lave linge ou son lave-vaisselle !
D’autres exemples ?
Toujours dans l’habitat, les chaudières à condensation sont un bon exemple de valorisation d’énergie fatale. Elles récupèrent la chaleur des vapeurs d’eau de combustions en les condensant pour préchauffer les eaux de retour des radiateurs.
La ventilation double flux également est un bon exemple de valorisation d’énergie fatale. En effet, au lieu d’utiliser la température de l’air rejeté pour chauffer les oiseaux, elle récupère ses calories pour préchauffer l’air neuf entrant dans l’habitation.
Une question peut être idiote mais on pourrait envisager de récupérer de l’énergie « humaine » non ?
Et bien figurez-vous que c’est déjà le cas ! La récupération de l’énergie produite par la vibration de nos pas sur le sol, dans les grandes gares ou grands centres villes par exemples, peut permettre d’alimenter une partie voire la totalité de l’éclairage !
En conclusion je dirais que « rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme ! »